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Les enfants d'âge préscolaire (de 3 à 5 ans) apprennent à saisir la frontière entre la réalité et la fantaisie. Raconter un bobard ou une histoire à dormir debout n'est pas une façon inhabituelle d'explorer cette frontière à cet âge. Les parents ont souvent tendance à réagir violemment à ce qu'ils considèrent comme un mensonge. Mais ce n'est pas toujours la meilleure façon de gérer la situation.
La pédiatre Tanya Remer Altmann, auteur de Mommy Calls : Dr. Tanya Answers Parents' Top 101 Questions About Babies and Toddlers, explique que lorsqu'un enfant a 3 ans, les parents disent souvent : "Mon Dieu, mon enfant ment. Je ne sais pas quoi faire". Mais la frontière est floue entre ce qui est réel et ce qui relève de l'imagination de l'enfant."
Disons que votre enfant de 3 ans a renversé du lait sur le sol. Vous demandez : "Qui l'a renversé ?" et votre enfant répond : "Pas moi." Selon Mme Altmann, ce n'est pas parce que votre enfant ment. Il se peut qu'il souhaite ne pas l'avoir renversé ou, si le lait a été renversé il y a une heure, qu'il ne se souvienne même pas de l'avoir renversé.
Selon le psychologue pédiatrique Mark Bowers, les enfants de moins de 5 ans sont trop jeunes pour comprendre ce qu'est un mensonge. Ils n'ont pas la même capacité cognitive qu'un enfant de maternelle qui commence à apprendre la différence entre le bien et le mal.
"Vous n'avez pas un futur criminel sur les bras parce que votre enfant n'avoue pas qu'il a renversé le lait dans la cuisine", explique Mme Bowers.
Établir les règles de base
Si vous surprenez votre enfant en train de dessiner sur les murs, vous pouvez être tenté de le confronter : "C'est toi qui as fait ça ?" Il y a de fortes chances qu'il réponde "non" parce qu'il ne veut pas vous mettre en colère ou avoir des ennuis.
Il est préférable d'énoncer la règle et de proposer une solution, dit Mme Bowers. Par exemple : "Dans cette maison, nous avons pour règle de ne dessiner que sur du papier. Alors pourquoi n'allons-nous pas chercher du savon et tu pourras aider papa à le nettoyer".
Pour éviter les accusations, il préconise l'approche Columbo, c'est-à-dire de faire l'idiot. A portée de voix de votre enfant, vous pouvez dire : "Oh, je me demande comment ce lait a été renversé ? Ce serait vraiment bien si quelqu'un pouvait m'aider à le nettoyer."
Lorsque votre enfant vient vous aider, félicitez-le pour son aide.
"Ce sont des occasions d'enseignement pour montrer à votre enfant ce qu'il devrait faire à l'avenir", dit Altmann. "À moins que ce ne soit vraiment grave, restez à l'écart de la punition et transformez-la en une opportunité d'apprentissage."
Super-héros, Disneyland et contes de fées
La créativité est à son apogée entre 3 et 5 ans, selon Mme Bowers.
Le jeu imaginaire fait partie de la croissance et du développement naturels de l'enfant. Vous commencez à voir des amis imaginaires, des fantasmes de super-héros, des vœux pieux, et à parler d'endroits où votre enfant n'est jamais allé, comme Disneyland. Vous pouvez contribuer à nourrir l'imagination de votre enfant tout en lui apprenant l'importance de l'honnêteté.
Ne vous inquiétez pas si votre enfant décrit en détail un voyage fictif à Disneyland. Répondez simplement en disant : "Tu sais, nous ne sommes pas encore allés à Disneyland, mais si nous y allions, que voudrais-tu faire ?".
"Dans la mesure du possible, amusez-vous avec eux", dit Bowers. "Rejoignez-les pour qu'ils puissent poursuivre ce qu'ils imaginent."
Les enfants d'âge préscolaire exagèrent souvent la vérité pour attirer votre attention. La psychothérapeute pour enfants et familles Fran Walfish, auteur de The Self-Aware Parent, explique que vous pouvez encourager votre enfant à dire la vérité.
Suggérez à votre enfant : "Tu as une si belle imagination et quand tu dis A, B ou C, je ne peux pas toujours dire si c'est ton imagination ou si c'est réel. Ce qui est le plus important, ce qui fait qu'une personne se sent en sécurité entre deux personnes, c'est quand on dit la vérité et qu'on dit toujours ce qui est réel."
Soyez positif, ne jugez pas
"Il est très important d'être capable de mettre gentiment, sans jugement, la responsabilité là où elle doit être", dit Walfish. "Vous devez bousculer votre enfant d'une manière agréable".
Utilisez un langage que votre enfant d'âge préscolaire peut comprendre. Par exemple, vous pouvez dire : "C'est parfois difficile de dire à maman que c'est toi qui as fait ça. Tu dis que c'est le chat qui l'a fait parce que tu as peur que maman soit en colère contre toi. Mais toi et moi savons tous les deux que le chat ne peut pas le faire. Je suis le genre de maman qui veut entendre que c'est toi qui l'a fait et ensuite nous pourrons parler d'autres façons d'attirer mon attention."
Altmann recommande d'utiliser des formulations positives. "Dites : 'C'est important de dire la vérité', au lieu de dire : 'Oh, tu as menti'. Je conseille vivement aux parents de ne pas dire cela", dit-elle.
Restez à l'écart de la stigmatisation négative qui consiste à traiter votre enfant de menteur, dit Mme Walfish. Cela lui colle une étiquette, le fait se sentir mal et lui donne l'impression qu'il doit vous cacher des choses.
"Vous voulez garder les liens ouverts pour que votre enfant puisse vous dire n'importe quoi", dit Mme Walfish.
Vous n'avez pas à attendre que ce genre de situation se produise. Mme Bowers suggère de lire ensemble des livres qui encouragent l'honnêteté, comme Le garçon qui criait au loup.
Eva Marie Fredric, productrice à Los Angeles, avait un problème avec son enfant de 3 ans qui racontait des bobards sur ce qu'il avait fait. Elle a réussi à l'empêcher de mentir en utilisant une marionnette de chat et une voix différente pour l'amener à "avouer la vérité".
Sous l'impulsion de la marionnette, il a reconnu ses actes, s'est excusé et a fait un gros câlin à sa mère. "Il s'est senti en sécurité pour dire la vérité", explique Fredric. "Il n'avait pas peur d'avoir des ennuis."